La génèse d’APESA est d’abord le fruit d'une rencontre, en avril 2012 au tribunal judiciaire de Saintes en Charente-Maritime, entre un psychologue spécialisé en prévention du suicide et un greffier de tribunal de commerce.
Ils ont alors l’idée de réfléchir ensemble à ce qu’ils pouvaient faire pour essayer d’accompagner d’une part les chefs d’entreprise en grande difficulté, mais aussi pour soutenir les acteurs du monde économique et judiciaire qui reçoivent et accompagnent toutes les semaines lors des procédures collectives des dirigeants à bout de souffle.
Naissance d’APESA : un dispositif pionnier de soutien psychologique pour les entrepreneurs
En septembre 2013, Jean-Luc DOUILLARD, psychologue clinicien, et Marc BINNIE, greffier du tribunal de commerce de Saintes, initient un premier dispositif expérimental qui consiste à former les acteurs des procédures collectives à parler directement aux justiciables de l’inquiétude qu’ils ont pour eux et des détresses qui s’expriment ou se manifestent par des mots, des regards ou des comportements.
Une fois formés, ces professionnels ou bénévoles ont la possibilité d’adresser un mail au psychologue avec l’accord du chef d’entreprise pour qu’il soit rappelé et qu’il bénéficie rapidement d’un premier entretien téléphonique. A la suite de cet entretien, le dirigeant pouvait être orienté vers un psychologue libéral proche de son lieu de vie pour bénéficier de quelques consultations.
Pour expérimenter ce premier dispositif de soutien psychologique, les deux co-fondateurs se sont appuyés sur une association locale de prévention du suicide « Les Passagers du temps » qui a accepté de dédier une partie de ses fonds propres à cette expérimentation.
Quand la première expérimentation de ce dispositif de prévention du suicide a commencé, le tribunal de la Roche sur Yon a souhaité s’engager dans le projet. Un dispositif identique à celui de Saintes a alors été créé sur le même modèle que le premier. Puis rapidement d’autres tribunaux s’y sont intéressé et il a fallu structurer la démarche.
Jean-Luc DOUILLARD a alors trouvé un acronyme pour ce dispositif et avec Marc BINNIE ils ont fondé APESA (Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aigüe).
Ce projet est donc né d’une rencontre et d'une réalité de plus en plus manifeste : Les difficultés financières des entreprises entraînent toujours une grande détresse psychologique chez les entrepreneurs, qui ont souvent tout investi dans leur entreprise : leur santé, leur patrimoine, leur réseau, leur famille et leur histoire de famille.
Dès lors, leur objectif commun était de s'assurer que l'application stricte de la loi n'ignore plus la souffrance humaine.
APESA : une coordination nationale pour une action locale et humaine
Grâce à ces formations initiales réalisées par le psychologue clinicien, les acteurs professionnels et bénévoles des procédures collectives, mais aussi les acteurs économiques pouvaient devenir des "sentinelles" capables de repérer les signes de détresse psychologique des chefs d’entreprise, d’en parler directement avec eux en audience ou en entretien et surtout de passer rapidement le relais à des psychologues libéraux pour une prise en charge psychologique rapide, confidentielle, à proximité et gratuite pour les chefs d’entreprise concernés.
Au fil du temps l’association APESA France s’est structurée et le dispositif s’est étendu avec toujours la même démarche éthique et opérationnelle.
A chaque fois qu’un tribunal de commerce souhaite développer ce dispositif, une association APESA locale est créée pour porter la démarche. Elle sera notamment en charge de la recherche de fonds pour financer la coordination des alertes et les consultations psychologiques. Ainsi chaque association locale est autonome sur ce point. L’idée étant de donner aux acteurs des territoires la responsabilité de développer cette pratique sur leur propre territoire avec leurs réseaux.
APESA France s’est rapidement rapproché d’une structure de santé capable de prendre à sa charge la veille sanitaire et la réception de l’ensemble des fiches alertes lancées par les sentinelles sur les différents territoires.
Ainsi l’association APESA France a signé une convention de partenariat avec la plateforme nationale RMA dénommée "VYV Ecoute et Solution" et qui se charge de recevoir l’ensemble des fiches alertes lancées par les 6500 sentinelles des APESA locales.
Ce sont des psychologues formés par APESA France à la clinique du suicide qui prennent ensuite l’initiative d’appeler rapidement chaque dirigeant identifié et ayant bénéficié d’une fiche alerte pour un premier entretien d’évaluation clinique de sa situation. A l’issue de cet entretien, le dirigeant peut, s’il est d’accord, être mis en contact avec un psychologue conventionné dans le réseau APESA pour bénéficier de 1 à 5 consultations psychologique pour l’aider à passer ces moments difficiles.
Sur chaque département sur lequel un dispositif APESA est implanté, APESA France identifie et forme des psychologues libéraux répartis géographiquement sur tout le territoire afin de faciliter l’accès au dirigeants concernés à un psychologue proche de leur domicile. Là encore, c'est le psychologue qui va directement prendre contact avec le dirigeant et non l’inverse, partant du principe qu’une personne en grande souffrance n’a plus beaucoup de capacité de prendre des décisions pour elle-même et que son accès aux soins psychologiques est facilité par le fait que ce soit le psychologue qui l’appelle.
Mais le dispositif APESA ne s’arrête pas aux tribunaux de commerce et s’étendent progressivement à l’ensemble des acteurs du monde économique afin de former un maximum de sentinelles sur les territoires.
Plusieurs partenariats ont aussi été initié avec des structures comme le CNCC, le réseau BIOCOOP, PRAGA, l’URSSAF Rhône-Alpes….
"Il suffit parfois d’un regard, d’une phrase ou d’un geste pour éviter l’irréparable."
Jean-Luc Douillard, co-fondateur d’APESA