Origines

L’origine d’APESA

Depuis la crise économique de 2008, une hausse du nombre d’entreprises en difficultés a été constatée dans les Tribunaux de commerce.

Alors que la tendance est au « mieux vivre en entreprise », on est tenté d’ignorer le chef d’entreprise qui garde cette image d’invulnérabilité et a pour mission de prendre soin de ses salariés. Il s’avère qu’il existe une importante détresse psychologique du chef d’entreprise et les professionnels des juridictions consulaires se trouvent souvent démunis pour leur apporter l’aide humaine dont ils ont besoin.

Fort de ce constat, Marc Binnié, greffier au Tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime) s’est rapproché de Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien, à l’occasion d’une conférence. M. Douillard est le coordinateur du programme régional de prévention du suicide pour le sud de la Charente-Maritime.

Le fruit de cette rencontre a été la création d’un dispositif inédit en septembre 2013 : APESA pour Aide Psychologique pour les Entrepreneurs en Souffrance Aiguë.

 

«Nous sommes aux avant-postes d’une grande souffrance et voyons toute la journée des gens au bout du rouleau »

Marc Binnié, greffier au Tribunal de commerce de Saintes

Depuis, une équipe de près de quatre-cents praticiens, spécialisée dans les addictions, la prévention du suicide et la médiation familiale, a aidé plus de 500 chefs d’entreprises. Parmi ces derniers, des patrons de PME du BTP, des artisans, des femmes dirigeantes seules avec enfants ou encore des pharmaciens, des boulangers…

« le justiciable n’est pas un invariant » Marc Binnié

La prise en compte de la souffrance morale du justiciable

L’objectif d’APESA pour les mois à venir est double : (1) étendre ce dispositif au plus grand nombre de Tribunaux de commerce et de chambres consulaires de l’hexagone et (2) communiquer sur l’aide qu’apporte ce dispositif, en donnant aux professionnels du Droit les moyens d’identifier, de signaler et de soutenir les chefs d’entreprises en difficultés.

Les PME sont la pierre angulaire de notre économie: on en compte 2,4 millions en France, c’est 96 % des entreprises françaises, soit 2 emplois sur 3 (source). Il est important pour tous que ces chefs d’entreprise soient soutenus.

« Le lieu de justice n’est pas le lieu du non-lieu de l’être »

Marc Binnié, greffier au Tribunal de commerce de Saintes

Les patrons de PME sont naturellement le cœur d’un dispositif de soutien psychologique au sein des juridictions commerciales. Deux facteurs aggravant les rendent de fait particulièrement fragiles face à la souffrance psychologique induite par les difficultés que peut rencontrer leur entreprise.

Tout d’abord, l’entreprise a souvent un caractère familial. Si les affaires vont mal, c’est alors l’entreprise du père ou du grand père qui est détruite et le nom de la famille auquel il est porté atteinte.

Ensuite, la majorité des patrons de PME connaissent bien leurs salariés, ainsi que leurs familles. Un échec entrepreneurial dans ce contexte met l’entrepreneur directement face à sa responsabilité sociale. Difficulté supplémentaire lorsqu’on évolue déjà dans un environnement où l’échec est tabou et où la solidarité est rare.