Méthode APESA

Pour les artisans et chefs d’entreprise, le passage au Tribunal de commerce signifie la fin brutale d’une carrière, d’un rêve de réussite et d’indépendance, mais aussi la culpabilité, le déshonneur, la solitude. Le dispositif APESA leur permet de trouver le soutien psychologique pour les aider à surmonter cette épreuve entrepreneuriale.

Les entrepreneurs engagés dans des procédures collectives vivent cette situation comme un échec. Stress, désespoir, crises de larmes et même propos suicidaires : les professionnels de justice font face à des situations qui dépassent leurs champs de compétences, alors même que l’ouverture de ces procédures est censée être apaisante.

Etape 1
Après avoir assisté à plusieurs audiences de procédures collectives, une équipe de psychologues forme les mandataires, greffiers, les juges et le Président, pendant une journée, à l’attitude à adopter face aux propos et à l’état psychologique dégradé des chefs d’entreprise ;

Une fois mis en place, le dispositif APESA consiste à proposer aux chefs d’entreprise en « danger » de prendre contact et d’être pris en charge par une cellule adaptée.

Etape 2
En présence d’un chef d’entreprise dont l’état psychologique laisse supposer qu’il aurait besoin d’une aide, le professionnel qui souhaite déclencher une alerte lui pose la question-clé suivante « Est-ce que vous acceptez d’être aidé ? ».

« La question-clé « acceptez-vous d’être aidé ? » surprend positivement la psychologie du chef d’entreprise car il croit souvent que la terre entière lui en veut et que tout est fait pour l’enfoncer. »

Marc Binnié, greffier au Tribunal de commerce de Saintes

Selon la réponse à cette question, une « fiche alerte » est remplie par le professionnel déclenchant l’alerte et par le chef d’entreprise en risque suicidaire, ou l’un de ses proches. En effet, il n’est pas rare pour les artisans, que le conjoint soit présent à l’audience et qu’il soit également en grande souffrance.

Fiche alerte APESA

Etape 3
La « fiche alerte » est d’abord envoyée à un coordinateur chargé d’effectuer dans un délai maximum de 24h, une évaluation précise de la gravité de la situation, en appelant par téléphone le chef d’entreprise concerné.

Cinq séances entièrement gratuites avec un psychologue lui seront alors proposées afin de lui apporter le soutien dont il a besoin. Les professionnels prodiguant ces séances sont ceux faisant partie du programme : ils peuvent être psychologues, conseillers conjugaux, thérapeutes familiaux, addictologues… Ce sont eux qui rappellent la personne en souffrance et établissent le contact.

Ainsi dans le dispositif APESA, c’est non seulement la pratique des juristes concernés qui a changée, car ils ne sont plus désarmés face à la grande souffrance psychologique du justiciable, mais également celle des psychologues, qui acceptent de se porter au-devant d’une situation inquiétante qui leur est signalée.

La souffrance morale du justiciable n’est plus taboue. Dans les convocations ou les documents qui lui sont adressés par la juridiction, une formule en bas de page mentionne qu’une aide peut être apportée si nécessaire.


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